- hôtel
-
1 ♦ (XIIIe dans le Nord) Établissement où on loge et où l'on trouve toutes les commodités du service (à la différence du meublé), pour un prix journalier. ⇒ auberge, hôtellerie. Hôtel deux, trois étoiles, ou ellipt un deux, un trois étoiles. Hôtel luxueux; grand hôtel international. ⇒ palace. Hôtel de tourisme. Hôtel-restaurant. Hôtel où l'on prend pension. ⇒ pension. Hôtel borgne. Hôtel de passe. — Hôtel spécialement aménagé pour les automobilistes. ⇒ motel. Chaîne d'hôtels. — Le hall, la réception, le bar d'un hôtel. Chambre d'hôtel. — Propriétaire, directeur d'hôtel (⇒ hôtelier) . Chasseur, concierge, groom, portier d'un hôtel. Garçon, femme de chambre dans un hôtel. — Descendre, dormir à l'hôtel. Vivre à l'hôtel. Prendre une chambre à l'hôtel. Réserver une suite dans un hôtel. Note d'hôtel. — Rat d'hôtel.2 ♦ (déb. XVe) Demeure citadine d'un grand seigneur (anciennt) ou d'un riche particulier. ⇒ 1. palais. Hôtel de Lauzun, de Luynes; hôtel Crillon. Hôtels du Marais. Un hôtel du XVIII e siècle. Cour. HÔTEL PARTICULIER. « Neuilly, plein d'hôtels particuliers » (Aragon).3 ♦ MAÎTRE D'HÔTEL : personne qui dirige le service de table, chez un riche particulier (⇒ majordome) , ou dans un restaurant. Le maître d'hôtel et les garçons.♢ (À la) maître d'hôtel, qualifie une préparation à base de beurre et de persil. Sauce maître d'hôtel.4 ♦ Par ext. Grand édifice destiné à un établissement public. Hôtel de la Monnaie. Hôtel des ventes : salle des ventes.♢ HÔTEL DE VILLE : édifice où siège l'autorité municipale dans une grande ville. ⇒ mairie (cf. Région. Maison communale). — Hôtel du département : préfecture. — Hôtel de police : édifice abritant des services de police. ⇒ commissariat.⊗ HOM. Autel.Synonymes :- hôtellerie- palacehôteln. m.d1./d établissement où l'on peut louer une chambre meublée pour une nuit ou plus. Descendre à l'hôtel.d2./d Demeure somptueuse dans une ville.|| Hôtel particulier, où réside un riche particulier.d3./d Nom donné à certains édifices publics.|| Hôtel de ville: mairie d'une grande ville.d4./d Maître d'hôtel: celui qui préside au service de la table dans un grand restaurant, dans la haute société.⇒HÔTEL, subst. masc.A. — Demeure vaste et somptueuse.1. Vx. ,,Résidence du roi et p. ext. de l'ensemble des personnes attachées au service du roi`` (LEP. 1948). Grand prévôt de l'hôtel; maître des requêtes de l'hôtel. Les fonctions publiques exercées par les bourgeois leur confèrent de l'autorité. Ils occupent des emplois à l'hôtel du roi, dans ses finances, dans diverses branches de son administration (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 60).2. Vieilli en emploi abs. Bel immeuble, situé en ville et appartenant à un particulier titré ou fortuné. Hôtel particulier; vieil hôtel du XVIIe s.; faire bâtir un hôtel. Il avait (...) dans la ville de Paris, un très-bel hôtel, comme plusieurs grands seigneurs de France en avaient aussi, afin d'être logés commodément lorsqu'ils y venaient passer quelque temps (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 46). La cousine que tout à l'heure j'ai nommée, (...) habitait, du temps de ma jeunesse rue de Bellechasse, le second étage d'un élégant hôtel particulier (GIDE, Si le grain, 1924, p. 527) :• 1. L'hôtel de Nana se trouvait avenue de Villiers (...), dans ce quartier de luxe, en train de pousser au milieu des terrains vagues de l'ancienne plaine Monceau. Bâti par un jeune peintre, grisé d'un premier succès et qui avait dû le revendre à peine les plâtres essuyés, il était de style Renaissance...ZOLA, Nana, 1880, p. 1347.• 2. ... ce qui m'était apparu autour de Mme de Guermantes comme sa demeure, ç'avait été son hôtel de Paris, l'hôtel de Guermantes, limpide comme son nom (...). Comme l'église ne signifie pas seulement le temple, mais aussi l'assemblée des fidèles, cet hôtel de Guermantes comprenait tous ceux qui partageaient la vie de la duchesse...PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 15.SYNT. Hôtel magnifique, princier; appartements, salons d'un hôtel; hôtel d'un duc, d'un grand seigneur; acheter, louer, vendre un hôtel; hôtel entre cour et jardin; l'hôtel de Rambouillet.Hôtel de Bourgogne. Ancienne résidence, à Paris, des ducs de Bourgogne, qui servit de théâtre, et où furent jouées la plupart des pièces de Corneille et de Racine. Les comédiens se livraient aux plus folles espérances. Ils rivalisaient en idée avec l'hôtel de Bourgogne et la troupe du Marais (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 282). Il est malaisé, alors, pour un metteur en scène, de ne pas se soumettre aux tout puissants comédiens de l'hôtel de Bourgogne (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 85).— Maître d'hôtela) Officier qui était préposé à la direction du service de la table chez un seigneur. Les maîtres d'hôtel du roi lui apportèrent une aiguière et une serviette qu'il toucha du bout des doigts (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 384).b) P. ext.♦ Personne qui remplit cette fonction chez un particulier. Le premier maître d'hôtel lui-même, lequel avait été officier de la bouche de sa majesté Nicolas, donnait la serviette et découpait les pièces (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 90).♦ Personne qui dirige le service de table dans un restaurant. On leur avait adjoint, à propos de la fête, les glaciers, les cuisiniers et les maîtres d'hôtel du café de Paris (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 517). Le sommelier apporta une seconde bouteille de champagne, le maître d'hôtel proposa des desserts (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 57).Sauce (à la) maître d'hôtel. Sauce à base de beurre fondu, de persil haché et de jus de citron. S'il [le plat] était froid, la porcelaine soustrairait tout le calorique de l'omelette, et il ne lui en resterait pas assez pour fondre la [sauce] maître-d'hôtel, sur laquelle elle est assise (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 317).B. — Maison meublée qui possède des installations d'un certain confort, et assure aux voyageurs, moyennant rétribution, le logement, le service et parfois la nourriture. Synon. auberge, hôtellerie, relais de campagne. Hôtel de tourisme; chambre d'hôtel; descendre à l'hôtel. La vie d'hôtel garni lui pesait par son manque de liberté. Les domestiques ont une heure fixée pour faire la chambre; il n'est guère possible de rester dans une chambre où on fait un lit (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 96). Je retourne dans le quartier Saint-Martin, et rôde jusqu'à la nuit dans d'extraordinaires ruelles pleines d'hôtels borgnes ou louches (GIDE, Journal, 1902, p. 115) :• 3. Quoi de plus triste qu'une chambre d'hôtel, avec ses meubles jadis neufs et usés par tout le monde, son demi-jour faux, ses murs froids qui ne vous ont jamais renfermé, et la vue dont on jouit sur des arrière-cours de dix pieds carrés, ornées aux angles de gouttières crasseuses, avec des cuvettes de plomb à chaque étage?FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 15.• 4. ... la vie d'hôtel est la seule qui se prête véritablement aux fantaisies de l'homme. Paresseux, noctambule, excentrique, celui qui choisit de vivre à l'hôtel est d'abord un client, surtout en Amérique, et la loi, l'impératif est de se mettre à sa disposition sans manifester jamais d'étonnement, demanderait-il quelques grammes de radium ou un éléphant...FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 194.SYNT. Hôtel confortable, luxueux, moderne, modeste, simple, sordide; hôtel (de) 2, 3 étoiles, de première classe, bon marché; hôtel borgne, mal famé; hôtel meublé, hôtel-restaurant; hôtel de bon confort, de luxe, de passe, de tourisme; café-hôtel; chaîne d'hôtels; chercher, choisir, retenir un hôtel; aller, loger, vivre à l'hôtel; gérer, tenir un hôtel; catégories, classes d'un hôtel; hall, réception, salle à manger d'un hôtel; note, registre d'hôtel; directeur, gérant, propriétaire d'un hôtel; clientèle, personnel, pensionnaires d'un hôtel; rat d'hôtel.— (Hôtel) garni. Cf. garni. I A. P. métaph. Je suis le frère en Dieu de tout ce qui vit, de la girafe et du crocodile comme de l'homme, et le concitoyen de tout ce qui habite le grand hôtel garni de l'univers (FLAUB., Corresp., 1846, p. 271).— P. plaisant.♦ Vx. Hôtel des haricots. Ancienne prison de la Garde nationale parisienne. Je vais à la prison de la Garde nationale, à l'Hôtel des Haricots (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1061).C. — Grand édifice destiné à une administration, à un organisme public.1. Domaine de l'administration. Hôtel du ministère, de police, de la préfecture; hôtel de la Monnaie, des Postes; hôtel des Ventes. Chaque année les hôtels des Monnaies frappent de nouvelles pièces, qui contiennent tout le métal pur qu'elles doivent avoir (SAY, Écon. pol., 1832, p. 298). Les ambassadeurs de Russie, de Prusse et d'Autriche venaient à l'hôtel des Affaires Étrangères bavarder sur l'Espagne (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 201) :• 5. M. Polizzi me répondit qu'il ne pouvait disposer de cet objet [un manuscrit] qui ne lui appartenait plus, et qui devait être mis aux enchères, à l'hôtel des Ventes, avec d'autres manuscrits et quelques incunables.A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 238.— Hôtel de ville [Dans une grande agglomération] Siège de la mairie, du conseil et des services municipaux. L'Hôtel de Ville. Celui de Paris. L'hôtel de ville d'Aix est, comme la chapelle, un édifice fait de cinq ou six autres édifices (HUGO, Rhin, 1842, p. 79). Allocution prononcée par le général de Gaulle à l'Hôtel de Ville de Paris, le 25 août 1944 (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 709) :• 6. Le 31 octobre éclatait une insurrection véritable à la tête de laquelle était Blanqui, vétéran de l'émeute. Le gouvernement, un moment prisonnier dans l'Hôtel de ville, fut dégagé non sans peine.BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 219.2. Domaine de la santé publique— Hôtel de cure. Établissement où séjournent des malades présentant des formes bénignes ou peu évolutives de tuberculose pulmonaire (cf. Réadaptation, 1956, n° 30, p. 46).— Hôtel-Dieu. Hôpital de fondation ancienne dans certaines villes (notamment à Paris), qui recevait les indigents et qui était administré par l'Église. De tous les établissemens consacrés aux pauvres malades, chez toutes les nations de l'Europe, le plus ancien est l'Hôtel-Dieu de Paris (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 300). Le vieil hôpital, construit en partie au bord du fleuve, avait disparu. Un nouvel Hôtel-Dieu se dressait de l'autre côté de l'église (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 74) :• 7. L'Hôtel-Dieu lui-même, où l'on soigne des malades et qui est le plus important des établissements d'assistance, tire ses moyens d'existence de dons ou de concessions sur quoi il est malaisé de fonder des prévisions certaines.FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 258.— Hôtel des Invalides. Édifice réalisé sous Louis XIV et destiné autrefois à recevoir les soldats blessés. Pauline l'avait conduit un jour à une vente de charité dans l'Hôtel des Invalides; sur le boulevard, c'était le printemps, des invalides assis dans leurs petites voitures lisaient leurs journaux au soleil (NIZAN, Conspiration, 1938, p. 27).— Hôtel maternel. Établissement hébergeant, durant un certain temps, les jeunes mères en difficulté et leur bébé afin de leur venir en aide matériellement et moralement (cf. Pages documentaires, 1955, n° 1, p. 56).Rem. Hôtel entre comme 2e élém. de subst. composés désignant différents types d'hôtels de tourisme. Appartements-hôtels; building hôtel; châlets-hôtels; foyer-hôtel (GILB. 1971).Prononc. et Orth. : [
] ou [
-]. [
-] 1re var. ds BARBEAU-RODHE 1930 et WARN. 1968 s'explique par la position atone de la syll. L'accent circonflexe, vestige de l'anc. s, aide la prononc. [o] à se maintenir. Att. ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. hostel. Homon. autel. L's, graph. étymol. (il n'est plus prononcé depuis la fin du XIIe s.), n'est remplacé par l'accent circonflexe qu'en 1740. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « hébergement, logement » (Alexis, éd. Chr. Storey, 225 : Lit ed ostel e pain e carn e vin); b) ca 1100 « lieu où l'on trouve accueil, hébergement » spéc. pour les gens de guerre, ici « campement » (Roland, éd. J. Bédier, 342); c) 1er quart XIIIe s. « auberge » (Courtois d'Arras, éd., E. Faral, 142); ca 1225 « logis des hôtes ds un monastère » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 8867); d) 1260 Ostel Dieu de Paris (E. BOILEAU, Métiers, 39 ds T.-L.); 2. a) ca 1135 « (sa propre) maison » (Couronnement de Louis, 162, ibid. : son ostel); b) ca 1165 tenir ostel « avoir maison, table ouverte; mener un certain train de vie » (B. DE STE-MAURE, Troie, 10461, ibid.); ca 1225 « Cour » mestre de l'ostel le rei (G. LE MARECHAL, 6467, ibid.); début XVe s. en l'ostel du duc de Bourbon (Hist. de J. de Boucic., liv. 1, p. 58 ds LITTRÉ); c) ca 1225 « palais royal » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 9387); 4e quart XIVe s. « maison seigneuriale » (J. FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, 672 : li princes de Galles... prist congiet et se retray à son hostel de Berkamestede); 1505 « maison de qualité » (GRINGORE, Folles entreprises I, 35 ds HUG. : pillent maisons, hostelz); d) 1478 ostel commun « maison commune, hôtel de ville » (Ord. des rois de France, XVIII, 418 ds BARTZSCH, p. 40); 1538 hotel de ville (EST. ds FEW t. 4, p. 495b). Du lat. hospitale [cubiculum], subst. « chambre destinée à recevoir les hôtes » à l'époque class. (VITRUVE, 6, 7, 4 ds TTL s.v., 30, 34, 85 : domunculae constituuntur... uti hospites advenientes in ea hospitalia recipiantur); synon. de xenodochium, hospitium en b. lat. (ibid., 3035, 7); cf. aussi Loi salique, 1, 5, 2 (ibid. 3035, 5 : qui... ipsi... panem aut hospitalem dederit); v. aussi hôpital. Fréq. abs. littér. : 8 592. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 9 338, b) 16 242; XXe s. : a) 11 499, b) 12 954. Bbg. GERSTER (W.) Beitrag zur Geschichte einiger Bezeichnungen für Gasthaus. Vox rom. 1946/47, t. 9, pp. 57-151. - HENSCHEL (B.). Qq. dat. nouv. du 18e s. Fr. mod., 1969, t. 37, pp. 118-119. - QUEM. DDL t. 4, 15, 17.
hôtel [ɔtɛl; otɛl] n. m.ÉTYM. V. 1050, ostel « hébergement »; « campement », 1080; hostel « demeure, logis », 1226; hôtel, mil. XVIIe; du bas lat. hospitale « chambre pour les hôtes », neutre substantivé de l'adj. hospitalis (→ Hôpital), de hospes, hospitis. → Hôte.❖1 Vx. Logis, maison, et, par ext., résidence, séjour. || Gouverner un hôtel (→ Économie, cit. 1).♦ Spécialt. ⇒ Hôtel-Dieu.2 (XIIIe, dans le Nord; répandu XVIIe-XVIIIe). Maison meublée où on loge et où l'on trouve toutes les commodités du service (à la différence du meublé). ⇒ Auberge, hôtellerie (→ Habitation, cit. 4). — REM. Ce sens « semble s'être formé dans les riches villes du Nord (au XIIIe), il ne devient général que vers la fin du XVe » (Bloch); au XVIIIe, il évince progressivement auberge (cf. Brunot, H. L. F., t. VI, p. 359), mais jusqu'au XIXe, il reste concurrencé par le sens 3 (on disait hôtel meublé, hôtel garni) pour éviter l'ambiguïté; → ci-dessous, cit. 2 et 3. — || De nos jours, juridiquement « l'hôtel se caractérise par le fait que l'exploitant loue, au jour et même au mois, des chambres (…) Il est donc théoriquement distinct du restaurant (…) et du café (…) mais, dans la pratique, la distinction est moins nette (…) L'hôtel se distingue de la maison louée à des particuliers par le caractère moins prolongé de l'occupation des lieux loués » (Nouveau Répertoire Dalloz, « hôtelier-logeur »). || Catégories, classes d'hôtel. || Hôtel de première catégorie, hôtel trois, quatre étoiles. → Un trois, un quatre, un cinq étoiles. || Le confort (cit. 1) d'un hôtel. || Hôtel luxueux; grand hôtel international. ⇒ Palace. || Hôtel de tourisme. || Hôtels saisonniers d'une ville d'eaux, d'une plage, d'une station de sports d'hiver (→ Établissement, cit. 8; exploitation, cit. 9). || Petit hôtel bon marché, très simple. ⇒ Pension (de famille; → Bordure, cit. 3). || Hôtel borgne, mal famé, sordide. || Échouer dans un hôtel malpropre. — Hôtel avec, sans restaurant. || Hôtel-restaurant. || Café-hôtel : café auquel est adjoint une série de chambres d'hôtel (généralement modestes). ⇒ Cabaret, estaminet. || Hôtel où l'on prend pension. ⇒ Pension. — (Dans des noms). || Grand Hôtel, Hôtel Moderne, Hôtel de la Gare, de la Poste. || Le Grand Hôtel. || En 1690, Furetière cite (à Paris) les Hôtels d'Anjou, du Pérou, de Provence. || Hôtel du Nord, roman de E. Dabit (et film de Marcel Carné tiré de ce roman). || Hôtel spécialement conçu et aménagé pour les automobilistes. ⇒ Motel. || Hôtel traditionnel, au Japon. ⇒ Riokan. || Hôtel d'État, en Espagne. ⇒ Parador. || Chaîne d'hôtels. || Hôtel banal, sans personnalité. — Le hall, la réception, la conciergerie, les salons, la salle à manger d'un hôtel. || Restaurant d'hôtel, attaché à un hôtel. || Le bar de l'hôtel. || Garage, remises d'un hôtel (→ Garer, cit. 4). || Les chambres d'un hôtel; hôtel de cent chambres. || Chambre d'hôtel (→ Border, cit. 4; étudiant, cit. 6; frelaté, cit. 6). — Propriétaire, gérant, directeur d'hôtel (⇒ Hôtelier, fam. taulier). || Personnel d'un hôtel. ⇒ Domestique, service; chasseur, concierge, femme (de chambre), garçon, groom (cit. 3), liftier, portier, réceptionnaire, valet, veilleur (de nuit). || Le chef, les cuisiniers d'un hôtel. || Garçon d'hôtel (→ Balle, cit. 12). || Portier d'hôtel (→ Galon, cit. 1). — Les clients, les habitués (cit. 15), les pensionnaires d'un hôtel. || La clientèle (cit. 1) des grands hôtels. || Aller, descendre, coucher, vivre à l'hôtel (→ Camp, cit. 8). || Retenir, louer, prendre une chambre, un appartement à l'hôtel. || Hôtel complet. || Prendre ses repas à son hôtel. || Payer la note en quittant l'hôtel. || Publicité pour un hôtel (→ Flèche, cit. 15). || Guide (cit. 9) des hôtels. || Racoler des voyageurs pour un hôtel (⇒ Pister; pisteur).1 On sait bien mieux vivre à Paris, dans ces hôtels dont la mémoire doit être si chère. Cet hôtel de Mouhy, Madame, cet hôtel de Lyon, cet hôtel de Hollande ! les agréables demeures que voilà !Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 2.2 (…) il y a des appartements magnifiquement garnis pour les grands seigneurs à l'Hôtel de la reine Marguerite, rue de Seine, et à l'Hôtel de Bouillon, quai des Théatins (…) plusieurs autres hôtels meublés (…) par exemple… l'Hôtel de Hollande et le grand Hôtel de Luyne (…)Le livre commode contenant les adresses de la ville de Paris pour l'année bissextile 1692, art. Hôtels garnis et tables d'auberge, in Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, Œ. compl., t. VIII, p. 571, note 3.3 Il vint (…) un vieillard qui me dit : Que souhaitez-vous, seigneur ! tous vos gens sont sortis de ma maison avant le jour. Comment, de votre maison ? (…) est-ce que je ne suis pas ici chez don Raphaël ? Je ne sais ce que c'est que ce cavalier, me répondit-il, vous êtes dans un hôtel garni, et j'en suis l'hôte. Hier au soir (…) la dame qui a soupé avec vous vint ici, arrêta cet appartement pour un grand seigneur, disait-elle (…) Elle m'a même payé d'avance.A. R. Lesage, Gil Blas, I, XVI.4 (…) j'allai loger à l'hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers (…) vilaine rue, vilain hôtel, vilaine chambre, mais où cependant avoient logé des hommes de mérite, tels que Gresset, Bordes, les abbés de Mably, de Condillac (…)Rousseau, les Confessions, VII.5 (…) une de ces ignobles chambres qui sont la honte de Paris, où, malgré tant de prétentions à l'élégance, il n'existe pas encore un seul hôtel où tout voyageur riche puisse retrouver son chez soi.Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 595.6 La gêne domestique l'obligea à tenir quelque hôtel ou table d'hôte, circonstance qui fut tant reprochée depuis à Rivarol (…)Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 oct. 1851, t. V, p. 63.7 Je m'étonnais qu'il y eût des gens assez différents de moi pour que (…) le lieu de supplice qu'est une demeure nouvelle pût paraître à certains « un séjour de délices » comme disait le prospectus de l'hôtel (…) Il est vrai qu'il invoquait, pour la faire venir (la clientèle) au Grand-Hôtel de Balbec, non seulement « la chère exquise » et le « coup d'œil féerique des jardins du Casino » mais encore les « arrêts de Sa Majesté la Mode (…) » (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 81.8 (…) la population, d'ordinaire banalement riche et cosmopolite, de ces sortes d'hôtels de grand luxe (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 94.9 Les pauvres locataires des hôtels meublés n'ont pas de chez soi.Ch.-L. Philippe, Bubu de Montparnasse, I, p. 21.10 — Mais quelle est donc cette maison ? (…) — Oh ! C'est un hôtel ? Vous n'allez pas me mener à l'hôtel ? — Pas un hôtel, ma chérie. Une maison de famille, tout à fait discrète et convenable (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XX, p. 277.11 Elle jeta un coup d'œil sur la façade où des lettres d'une grandeur indécente proclamaient le nom de l'hôtel (…)J. Green, Adrienne Mesurat, II, V (→ Fragilité, cit. 1).11.1 Je connais tous les hôtels de Paris, les louches, les borgnes, les myopes, les palaces, les bordels, les pensions de famille, les foyers du jeune homme, les asiles de nuit. J'ai dormi partout.Geneviève Dormann, le Chemin des dames, p. 124.♦ Loc. || Hôtel meublé (vieilli). → ci-dessus, cit. 9. — Hôtel garni. ⇒ Garni, n. m. — REM. Dans les cit. 2 et 3, ci-dessus, ces syntagmes ont la valeur de hôtel employé seul de nos jours. — Hôtel de passe. ⇒ 2. Passe, cit. 3 et supra.♦ Second élément de mots composés. || -hôtel. || Appartement-hôtel. || Château-hôtel (ou hôtel château) : hôtel de luxe aménagé dans un château, une gentilhommière. — Foyer-hôtel.♦ ☑ Loc. fam. (1840). Vx. L'hôtel des haricots : la prison (d'un collège, dit Collège des Haricots, remplacé par une prison militaire en 1792).♦ ☑ Loc. Rat d'hôtel. ⇒ Rat (3.); → Râleux, cit. 1.3 (V. 1135, « maison, logis »; tenir ostel, v. 1165; sens mod., fin XIVe; sens issu « de l'expression jurid. juger en l'ostel le roi, à la résidence [momentanée] du roi » [Bloch] où hôtel a le sens 1). Vieilli ou didact. (hist., archit., etc.). Demeure citadine d'un grand seigneur (anciennt) ou d'un riche particulier. ⇒ Château, palais. || L'hôtel d'un prince, d'un grand seigneur. || Hôtel appartenant à une famille, à un particulier (→ Archétype, cit. 4; habitation, cit. 8). || L'hôtel de Lauzun, de Luynes; l'hôtel Crillon. || Vieil hôtel du XVIIe siècle. || Quartier d'hôtels anciens. || Les grands hôtels du faubourg Saint-Germain (→ Emménager, cit. 1), du Marais. || Hôtel classé monument historique. || Hôtel princier (→ Auréole, cit. 12), magnifique (→ Billet, cit. 5). || Hôtels faisant partie d'un palais (→ Galerie, cit. 2). || Les appartements, les salons d'un hôtel (→ Feston, cit. 3). || Se faire bâtir, construire un hôtel (→ Bâtiment, cit. 6).12 Madame de Sommervieux ne connaissait pas encore les antiques et somptueux hôtels du faubourg Saint-Germain. Quand elle parcourut ces vestibules majestueux, ces escaliers grandioses, ces salons immenses ornés de fleurs malgré les rigueurs de l'hiver, et décorés avec ce goût particulier aux femmes qui sont nées dans l'opulence ou avec les habitudes distinguées de l'aristocratie, Augustine eut un serrement de cœur (…)Balzac, la Maison du Chat-qui-pelote, Pl., t. I, p. 62.12.1 L'hôtel de Verne était l'ancien hôtel Joyeuse, rue Jacob. Le bâtiment, flanqué d'ailes neuves, s'élevait entre la cour ronde et le jardin. Des pièces du rez-de-chaussée grandes ouvertes, on apercevait ce jardin, une pelouse et des plates-bandes.Cocteau, Thomas l'imposteur, éd. Folio, p. 9-10.♦ Mod. et cour. || Hôtel particulier. || Il possède un hôtel particulier à Paris, à Lyon. || Louer, acheter un hôtel particulier (⇒ Immeuble).13 (…) Neuilly, plein d'hôtels particuliers, et dont la nostalgique chevelure d'avenues vient traîner jusqu'aux quais retrouvés de la Seine, et aux confins de la métallurgie de Levallois-Perret.Aragon, les Beaux Quartiers, II, I.♦ Hist. littér. || Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, élevé sur l'emplacement de l'hôtel des ducs de Bourgogne à Paris, et célèbre au XVIIe siècle. || On joua à l'Hôtel de Bourgogne la plupart des pièces de Corneille et de Racine. || La troupe de l'Hôtel de Bourgogne compta des acteurs célèbres tels que Floridor, la Champmeslé.14 Il y avait depuis quelque temps des comédiens établis à l'Hôtel de Bourgogne. Ces comédiens assistèrent au début de la nouvelle troupe. Molière, après la représentation de Nicomède, s'avança sur le bord du théâtre, et prit la liberté de faire au roi un discours par lequel il remerciait Sa Majesté de son indulgence, et louait adroitement les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, dont il devait craindre la jalousie : il finit en demandant la permission de donner une pièce d'un acte qu'il avait jouée en province. La mode de représenter ces petites farces après de grandes pièces était perdue à l'Hôtel de Bourgogne. Le roi agréa l'offre de Molière (…)Voltaire, Mélanges littéraires.♦ Absolt, hist. L'hôtel du roi. ⇒ Palais. || Grand prévôt, maître des requêtes de l'hôtel.4 (Fin XIVe). || Maître d'hôtel. a Anciennt. Celui qui dirige le service de table, chez un riche particulier (⇒ Majordome). || Le maître d'hôtel et l'intendant (→ Bout, cit. 16).15 Grandchamp (…) semblait ne s'occuper que des apprêts du dîner; il remplissait les devoirs importants de maître-d'hôtel, et jetait le regard le plus sévère sur les domestiques, pour voir s'ils étaient tous à leur poste, se plaçant lui-même derrière la chaise du fils aîné de la maison, lorsque tous les habitants du château entrèrent (…)A. de Vigny, Cinq-Mars, I, t. I, p. 39.REM. L'orthographe maître-d'hôtel n'est plus en usage.b Mod. Celui qui dirige le service dans un restaurant.16 Ce petit groupe de l'hôtel de Balbec regardait d'un air méfiant chaque nouveau venu, et (…) tous interrogeaient sur son compte leur ami le maître d'hôtel. Car c'était le même (…) qui revenait tous les ans faire la saison et leur gardait leurs tables (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 95.♦ Cuis. || (À la) maître d'hôtel, qualifie une préparation à base de beurre et de persil.5 a Anciennt ou dans des dénominations. Grand édifice destiné à un établissement public. || L'hôtel des monnaies, de la Monnaie. || Hôtel des postes (→ Pneumatique, cit. 3.3). || Hôtel des ventes. ⇒ Salle (des ventes). || L'Hôtel des Invalides, à Paris.b (1538; hostel commun, 1478). Mod. || Hôtel de ville : édifice où siège l'autorité municipale. ⇒ Mairie (→ Fonctionnaire, cit. 4). || L'hôtel de ville de Lyon, de Compiègne. || L'hôtel de ville de Toulouse : le Capitole. || L'Hôtel de Ville de Paris, siège du conseil municipal et de la préfecture de la Seine. — REM. Hôtel de ville s'écrit sans trait d'union à la différence d'Hôtel-Dieu.17 La mairie est par ici, sans doute ? — L'hôtel de ville ? (…) Qu'est-ce que vous allez faire à l'hôtel de ville à minuit moins le quart ? Tous les bureaux sont fermés (…) Il n'était pas loin de minuit quand ils lurent sous le pan d'une maison : « Place de l'Hôtel-de-Ville ».J. Romains, les Copains, IV.c ⇒ Hôtel-Dieu.❖DÉR. Hôtelier, hôtellerie.COMP. Hôtel-Dieu.
Encyclopédie Universelle. 2012.